PARIS
Que peut-on reconnaître de soi dans une ville ?
Les autoroutes, les voitures, les églises, les maisons, les ponts, les carrefours, les arbres, les passages, les immeubles, les cours, les portes ne sont pas des personnes.
J’aime regarder ces constructions sans personne autour, c’est ainsi que je les vois le mieux. Elles ont leurs histoires, leurs styles, leurs rythmes, leurs poids. Elles ont une présence, ce sont des repères dans la ville et dans le temps. Toutes ces choses sont nécessaires à notre organisation dans l’espace mais aussi en tant qu’images. Elles font partie de notre vie, comme les jouets que l’enfant ordonne avec sérieux dans sa chambre.
Les lieux que j’ai choisi de photographier sont des réminiscences, des souvenirs vagues, imprécis, où domine la tonalité affective d’une enfance plongée dans la solitude.
Les photographies sont faites principalement dans Paris-Est qui est la partie de la ville par laquelle j’arrivais dans Paris lorsque adolescent j’habitais le Val-de-Marne. Cela symbolise pour moi le passage de l’adolescence à l’âge adulte. C’est le Paris que j’aime.
Ces images font part de cheminements dans une ville qui ne cesse de changer, de se reconstruire, de s’agrandir. C’est une interrogation sur la façon de stabiliser sa propre pensée dans un monde pris de vertige.
Ce sont des photographies faites avec l’idée d’une correspondance, d’un face à face entre une ville seule et une personne seule. C’est imaginer que l’une pourrait expliquer l’autre, que les deux ont un cœur.
Extraits de la série
